Les deux lettres ouvertes de Günther Anders
adressées au fils d'Adolf Eichmann constituent un
petit traité, avec mode d'emploi, sur la condition
humaine aujourd'hui, considérée sous l'angle d'une
catastrophe à répétition, qui entraîne l'obsolescence
toujours croissante de l'humain lui-même.
L'homme apparaît ici, de nouveau, comme le
détenteur d'une capacité de production infiniment
supérieure à sa capacité de représentation, et tout
aussi bien à sa capacité de sentir. Dans ce contexte,
l'idée même de responsabilité se trouve profondément
atteinte ou profondément pervertie, de sorte que nous
sommes tous, d'une manière ou d'une autre, des
enfants d'Eichmann. Plus exactement, nous sommes
tous devant un choix comparable à celui auquel
Günther Anders confronte le destinataire de ses deux
lettres : le choix de la continuité ou de la rupture.
Un choix d'autant plus urgent que se réduit de jour en
jour la marge de jeu dont dispose l'humain dans le
monde tel qu'il devient.
Date de parution
15/4/2003